Ces gens-là

Lu : On me l’a enlevée, Benoît Springer et Séverine Lambour, Vents d’Ouest, 48 p.

Quel tandem que ces Springer-Lambour ! Après le surprenant Les funérailles de Luce, tracé en solo, Benoît Springer remonte la barre en s’adjoignant la voix de Séverine Lambour pour réaliser La rebouteuse, une des grandes réussites de 2009.  Puis les voilà qui récidivent avec un autre de ces drames à hauteur d’homme, qui encore une fois nous créent un petit bijou de concentré d’émotions.

Lors d’une fête foraine sur la place du village, une fillette de deux mois est enlevée sans que personne n’ait rien vu. Alors que la mère est anéantie, au troquet local, les supputations vont bon train quant à l’identité du ravisseur…

Dans ces trois opus, quelques règles de base prévalent : un petit village français (un lieu clos), des personnages-êtres-de-chair (rarement voit-t-on pareil travail de caractérisation des visages en bande dessinée), et finalement beaucoup de secret (et donc de non-dit, et donc d’espace pour le lecteur).

La combinaison de ce non-dit et des récits plutôt terre-à-terre, très réalistes, met en exergue des aspects difficiles, qu’on préfèrerait cacher, du caractère humain, tels la jalousie ou l’hypocrisie. En contrepartie, le travail sur les personnages et l’insistance du regard porté par l’auteur sur leurs corps induit une dynamique de lecture fascinée, de scrutation muette ayant pour effet d’imprimer fortement la tension du récit dans l’esprit du lecteur.

Résultat ?

Des fictions à saveur sociologique, anthropologique, où le lecteur passe inévitablement de l’observation à l’implication émotive, et où le drame qui se joue finit par le briser…

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Deux autres réussites du même Benoît Springer.

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